Et pourtant, il faut suivre Michel Karpinski à la trace de ses écrits, coller à son train qui fonce dans la nuit hors des rails vers une gare inconnue, épouser la formidable déambulation du vieil érotomane à travers la ville dans le fragment intitulé Autoportrait en fat ou la trajectoire panique de Mikhaïl Vassilievitch sur l’autoroute dans Le Règne animal — vodka et encre mêlées, vitesse d’écriture, montage cut :
« Il traînait tout un fretin de souvenirs, des silhouettes biaisées par la fuite du temps, qui fusaient les unes sur les autres, un film échevelé, une bande passante, trente visages à la seconde, comme le cri de Münch faisant se tordre la glissière de sécurité… »
Et pourtant, il faut le suivre jusqu’à la table de casino où officie un croupier à tête de mort.
Michel Karpinski va une nouvelle fois miser sa peau et ses os sur le zéro. A qui se perd gagne.
Eric Naulleau